About the burial of the dead:
«Normally the consciousness of the departed ought to feel no pain for what happens to the body after his or her departure. But there is in the material body itself a consciousness called the “spirit of the form” which takes some time to get completely out of the aggregated cells; its departure is the starting point of a general decomposition, and before its departure it may have a kind of feeling of what happens to the body. That is why it is always better not to be in a hurry for the funeral.»
MÈRE
13.11.1966
About the understanding of the people chosen:
«I was painfully shocked when I heard the translation of the leaflet you are distributing here in the Ashram. I never imagined your could have such a complete lack of understanding, respect and devotion for our Lord who has sacrificed himself totally for us. Sri Aurobindo was not crippled; a few hours before he left his body he rose from his bed and sat for a long time in his armchair, speaking freely to all those around him. Sri Aurobindo was not compelled to leave his body, he chose to do so for reasons so sublime that they are beyond the reach of human mentality.
And when one cannot understand, the only thing to do is to keep a respectful silence.»
MÈRE
26.12.1950
About adverse replies:
«Adverse replies are a danger only when the motive is egoistic.
With my blessings,
Mother».
MÈRE
5.9.1964
Sur le départ:
«Mais ça continue. Maintenant, c’est une grande bataille contre toutes les idées, toutes les habitudes, toutes les sensations, toutes les possibilités, tout, concernant la mort — la «mort» [riant], pas la «mort», le départ de la conscience (ça, n’est-ce pas, on en parle, et puis... ces choses-là n’existent plus), non: ce que les cellules doivent sentir[1]. Et alors toutes les possibilités me sont présentées... Avec cette conscience (qui est accumulée, comprimée dans toutes ces cellules), quand le cœur s’arrête de battre et qu’il est entendu, selon l’ignorance humaine, qu’on est «mort», la force qui réunit toutes ces cellules ensemble, comment abdique-t-elle sa volonté de garder tout cela ensemble?... Naturellement, il m’a été immédiatement dit (parce que le problème — tous les problèmes — viennent de partout, et c’est exprès que l’on me fait voir le problème et lutter avec; ce n’est pas simplement comme cela, en «idée»), immédiatement on m’a dit que cette force, cette conscience qui tient tout ça ensemble dans des cellules qui sont si super-conscientes (ce n’est pas du tout le genre de conscience ordinaire; ordinairement, c’est l’être intérieur, vital [Mère touche le centre du cœur] qui est conscient de l’unité, c’est-à-dire conscient d’être un être), maintenant cet agglomérat de cellules est un agglomérat volontaire, avec une conscience organisée qui est une sorte de groupement de cette conscience cellulaire; eh bien... Évidemment c’est un état exceptionnel, mais même autrefois, chez les êtres qui étaient très développés extérieurement, il y avait un commencement de groupement cellulaire volontaire, conscient, et c’était certainement pour cela que dans l’ancienne Égypte où l’occultisme était développé, les êtres exceptionnels comme les pharaons, les grands prêtres, etc., étaient momifiés, c’est-à-dire que l’on gardait la forme aussi longtemps que possible. Même ici, généralement on les pétrifiait (dans l’Himalaya, dans des sources pétrifiantes). Il y avait une raison [2].
Et j’ai vu pour Sri Aurobindo (qui pourtant n’avait pas commencé cette transformation systématique; seulement il tirait tout le temps la force supramentale dans son corps), même là, ça a pris cinq jours avant de donner le moindre signe de décomposition. Moi, je l’aurais gardé plus longtemps, mais le gouvernement se mêle toujours de ce qui ne le regarde pas, naturellement, et on m’embêtait terriblement en disant qu’il est interdit de garder si longtemps un corps et qu’il fallait le... Alors, quand le corps a commencé à (comment dit-on?) shrink — ça diminuait, ça se resserrait, c’est-à-dire qu’il se déshydratait —, alors il a fallu le faire. Il avait eu le temps de sortir, puisque presque tout est venu dans mon corps — presque tout ce qui était matériel est venu dans le mien.
Il y a là quelque chose que je sens, sans pouvoir l’exprimer ou le comprendre mentalement encore. Il doit y avoir une différence, même dans le comportement des cellules, quand on laisse son corps.
Quelque chose d’autre doit se passer.
Il m’était venu pendant toute cette période de concentration et de méditation sur ce qui se passe après la mort dans un corps (je parle de l’expérience du corps, c’est l’expérience du corps après ce que l’on appelle la «mort» maintenant), eh bien, plusieurs fois il m’était venu le même genre de vision... On m’avait parlé (montré et parlé) de certains saints qui ne se décomposent pas (il y en a un ici, il y en avait un à Goa — des histoires fantastiques). Naturellement, on brode toujours là-dessus, mais enfin il y a un fait matériel, c’est qu’il y a un saint qui est mort à Goa, qui a laissé son corps à Goa, mais le corps ne s’est pas décomposé [3]. Je ne connais pas toute l’histoire en détail, mais le corps avait été enlevé d’ici, transporté en Chine et il est resté enterré en Chine, à Hong-Kong, je crois (ou par là) pendant un certain temps; puis il a été repris, ramené ici, mis sous terre; il est resté pendant dix ans, douze ans, deux fois sous terre: il ne s’est pas décomposé. Desséché, momifié (desséché, c’est-à-dire déshydraté), mais conservé. Eh bien, ce fait a été plusieurs fois présenté à moi comme une des possibilités.
C’est-à-dire, à vrai dire, que tout est possible.
Mais on m’a montré clairement, et ce que j’ai vu, c’est... (j’ai de la difficulté à parler parce que tout cela m’est venu en anglais: Sri Aurobindo était là et c’était en anglais), mais c’est la stupidité, carelessness, n’est-ce pas, ignorance — ignorance stupide et je-m’en-fichisme des vivants à l’égard des morts! C’est une chose effroyable. Effroyable... Effroyable. Il m’est venu des histoires de partout, de toutes sortes de choses effarantes... Par exemple, l’une des histoires qui est arrivée (justement pendant que Sri Aurobindo était là): il y avait un disciple, son fils était mort (ou du moins on le croyait mort), et ce n’étaient pas des Hindous, donc on ne l’a pas brûlé: on l’a enterré. Et alors, dans la nuit, son fils est venu le trouver en lui disant... n’est-ce pas, il voyait son fils, là, à la fenêtre, qui frappait à la fenêtre et qui lui a dit: «Pourquoi m’as-tu enterré vivant?» (Je ne sais pas en quelle langue mais enfin...) Et cet imbécile de père s’est dit: «C’est un rêve»!! Puis le lendemain, longtemps après, il a eu une sorte d’arrière-pensée, comme cela, il a dit: «Si on allait voir.» Et on l’a trouvé retourné dans son cercueil.
Quand cet homme m’a raconté ça et qu’il a trouvé tout naturel d’avoir pensé: «C’est un rêve», je ne peux pas dire mon indignation à ce moment-là quand j’ai vu cette... n’est-ce pas, c’est d’une stupidité si... si crasse, si inerte! Il n’a même pas pensé: si la même chose était arrivée à lui. Il n’a même pas pensé ça!
Il y en a un autre que l’on avait apporté au terrain pour le brûler, puis il est tombé une pluie torrentielle — pas question de le brûler. On l’a laissé là et on a dit: «On le brûlera demain matin.» Et le lendemain matin, quand on est venu, il n’était plus là![Riant] Il était parti. Mais ce n’est rien: trente ans après, il est arrivé (c’était un raja), il avait été ramassé par des sannyasins, emmené dans la solitude, il était devenu un sannyasin, puis, trente ans après, je ne sais pour quelle raison, il a pensé qu’il valait mieux qu’il aille réclamer son bien, et il est arrivé avec des preuves qu’il était bien le même [4]...
J’ai entendu toutes sortes d’histoires comme cela, qui prouvent à quel point les êtres humains... Ils veulent s’en débarrasser, hein! aussi vite qu’ils peuvent.»
L’Agenda de MÈRE
10.8.1963
[1] Après la «mort» ou en présence de la «mort».
[2] Mère avait raconté autrefois au disciple qu’Elle avait eu la vision d’un de ses corps, pétrifié dans une caverne de l’Himalaya, près d’une route de pélérinage.
[3] Saint François Xavier.
[4] C’est l’histoire du raja de Bhaowal qui a défrayé la presse indienne aux environs de 1930.